Bulletin UMWIDEGEMVYO N°12

Le Burundi est à l’étouffement. D’une part, suite à une grave crise monétaire jamais vécue, qui
ne dit pas son nom et plonge les burundais dans une vulnérabilité totale. Sans carburant, ni eau,
ni électricité l’activité économique est compromise.

Le transport est paralysé et la circulation
des produits entre les provinces est rendue impossible. Le comble est que l’autorité couvre cette
crise par le mensonge et les menaces à quiconque osera en parler. Chaque autorité avance sa
version pour justifier la pénurie si elle ne la conteste pas dans un langage arrogant et sadique.

Des mesures répressives sont prises pour sanctionner tout conducteur de véhicule qui fait la
queue devant les pompes d’essence. Même les représentants du peuple en session n’ont pas le
droit d’en débattre. Impuissants devant la gravité de la situation, ils se plaignent en sourdine
comme le commun des burundais et réclament un approvisionnement spécial des députés en
carburant. Ce contexte économique augmente le malaise et la pression sur la population qui ne
dispose d’aucun espace pour réclamer ses droits ou contester la mauvaise gouvernance à l’ori
gine de cette pénurie. La fuite de devises à l’origine de ces pénuries est de la responsabilité de
la haute autorité qui ne parvient pas à mettre en place des mécanismes efficaces pour maitriser
la dévaluation du franc burundais, demander des comptes aux détourneurs et faire rapatrier les
devises tirées de la Banque centrale.

Par ailleurs, le Burundi continue d’entretenir des conflits internes et transfrontaliers au lieu
d’adopter la voie du dialogue pour obtenir la contribution de toutes les forces vives de la Nation
et ouvrir aux burundais les opportunités de mener des activités économiques avec les pays
frontaliers.
D’autre part, les violations graves de droits humains s’amplifient. Des cas d’arrestation par les
forces de défenses et de sécurité, de détention illégale et de disparitions forcées et d’assassinant
augmentent. Les violences de la période préélectorale où le parti au pouvoir veut s’embarquer
dans le processus sans partage produit déjà des victimes dans les rangs de l’opposition et chez
les rapatriés.

Les centres de détentions ne cessent d’accueillir des prisonniers en détention provisoires qui viennent aggraver les conditions inhumaines du milieu carcéral déjà surpeuplé.
Un tel contexte donne du pain sur la planche aux défenseurs des droits humains (DDH), aux
lanceurs d’alerte et aux journalistes qui n’ont pas les mains libres pour se déplacer et rapporter
aisément sur la situation car soumis à une surveillance et une persécution qui dépassent l’ima
ginable.